20 mars 2017

La fréquentation des archives publiques (1/2) : plus d’archives en ligne mais moins de visiteurs

  • Expertise et analyse
Photo d'une salle de lecture

« Le ministère de la Culture et de la Communication a pour mission de rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France. » Depuis Malraux, voici comment le ministère de la Culture et de la Communication définit sa mission. Mais peut-on se contenter de mettre à la portée du plus grand nombre des documents et objets culturels et patrimoniaux sans se préoccuper de mesurer le public qui découvre, s’informe, apprend, cherche grâce à ces documents et objets ?

Avec les autres institutions culturelles et patrimoniales, les services d’archives participent à l’action culturelle et éducative et sont donc vecteurs d’inclusion sociale. Ils assurent également une diffusion de l’histoire, du patrimoine et de l’identité de leur territoire et participent au rayonnement touristique de ces territoires.

La mesure du public : un indicateur clé pour les archives publiques

Ces deux impacts, inclusion sociale et rayonnement touristique, les élus territoriaux sont tout à fait prêts à les valoriser. Mais encore faut-il que l’audience des services d’archives soit au rendez-vous et que les archivistes arrivent à prouver d’une diffusion de leurs actions à un public le plus large possible.
La mission des services d’archives de rendre accessible au plus grand nombre le patrimoine archivistique et l’attente de leurs élus convergent donc vers un objectif similaire : toucher un public le plus nombreux possible. Que ce soit dans les murs (lectorat et visitorat) ou hors les murs (audience des sites Web d’archives ou des réseaux sociaux), la mesure du public est plus que jamais un indicateur clé de succès pour les services d’archives.

La réalité des chiffres de fréquentation in situ et sur Internet

Le bilan que nous pouvons tirer des statistiques annuelles du Services Interministériel des Archives de France est mitigé :

La raison de cette baisse continue des séances est toute trouvée : les documents prioritairement numérisés depuis le début des années 2000 sont ceux qui sont utiles aux recherches généalogiques et donc les salles de lecture ont vu partir une bonne partie des généalogistes vers les sites Internet des services d’archives. Cette analyse, faite par bon nombre de directeurs et directrices de services d’archives, est sans doute en partie fondée, mais elle est l’arbre qui cache la forêt.

Lorsqu’on regarde de plus près les statistiques sur les diagrammes ci-dessous, entre 2013 et 2015, le nombre de visiteurs des sites Internet d’archives a été presque divisé par 2 (- 45 %). L’audience des sites Internet d’archives est donc en réelle perte de vitesse.

Evolution quantitative des publics des services d’archives de collectivités territoriales (source : rapports statistiques annuels du Service Interministériel des Archives de France).
Evolution quantitative des publics des services d’archives de collectivités territoriales (source : rapports statistiques annuels du Service Interministériel des Archives de France).

Plus d’archives numérisés ne signifie pas plus d’internautes

On pourrait penser que ce chiffre est à ramener au nombre de pages numérisées diffusées sur ces sites Internet, mais ce nombre a progressé de 13% sur la même période. Il y a donc, depuis 2013, une décorrélation entre le nombre de nouvelles pages numérisées et l’augmentation des visites sur les sites Internet des services d’archives. L’hypothèse des vases communicants entre lectorat physique et lectorat numérique tombe.

Mais alors, comment expliquer cette baisse de la fréquentation des sites Internet des archives alors que l’offre d’archives numérisées a augmenté ? C’est ce que nous nous attacherons à étudier dans un prochain article.

A lire : La fréquentation des archives publiques (2/2) : les causes d’une baisse

Par Alexis Moisdon, fondateur et directeur général de Naoned

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