10 octobre 2016

L’archivage électronique dans le secteur public : le temps des épreuves

  • Expertise et analyse
bannière illustrative de l'article. Dessin d'une femme qui importe des données dans un serveur cloud

Dans le cadre du Forum des Archivistes qui a eu lieu à Troyes en mars 2016, il s’est tenue une table-ronde intitulée “Mise en oeuvre de l’archivage électronique : bilans, débats et réflexions”. L’occasion de faire un point sur l’état de l’art de l’archivage électronique dans le secteur public.

L’épreuve du temps

Rien de plus naturel pour un archiviste que de remonter le temps. C’est à ce jeu que s’est prêté Thomas Van de Walle en nous racontant l’histoire du système Constance.  Le sujet de l’archivage électronique ne date pas d’hier : en 1970, les Archives nationales lancent le projet Constance, afin de garantir la pérennité des archives numériques produites par l’État et les opérateurs publics. Depuis, Constance a accumulé une volumétrie conséquente : 25 To de données, 100 millions de fichiers, 400 versements, et a ainsi su prouver sa robustesse.

Malgré des efforts d’adaptation, ce système n’arrive plus à suivre le contexte actuel, qui évolue trop fortement. Les Archives nationales investissent donc dans un nouveau système d’archivage électronique (SAE), basé sur le socle VITAM et nommé ADAMANT, pour une mise en production en 2018. La capacité d’adaptation est donc clé, que ce soit pour l’archiviste comme pour le SAE.

La table ronde se poursuit avec la présentation d’un autre projet émanant d’une structure de l’Etat, le CINES (Centre Informatique National de l’Enseignement Supérieur). Précurseur en France en matière de service d’archivage électronique, le CINES se place en 2006 comme tiers archiveur pour l’enseignement supérieur en proposant un service d’archivage des thèses électroniques.

Grâce au choix du modèle OAIS, le CINES fait évoluer son SAE au fur et à mesure des besoins et de la montée en charge, en développant dans un premier temps les outils de vérification des formats à l’entrée dans le SAE, puis la planification de la pérennisation (2010) et le standard d’échange SEDA. D’une seule archiviste en 2005, l’équipe dédiée au SAE est passée aujourd’hui à 13 agents.

Le CINES a abordé l’archivage électronique par le prisme d’une problématique technique et doit faire face aujourd’hui à des questions d’usages, tels que la prise en compte de producteurs d’informations variés, la sensibilisation de personnels scientifiques à l’importance de l’archivage électronique, la collaboration avec de nouveaux acteurs institutionnels… 

L’épreuve du terrain

La parole est ensuite donnée aux archivistes de collectivités territoriales qui contrairement aux projets de l’Etat en sont encore à l’épreuve du terrain.

“Pourquoi n’existe-t-il pas de système opérationnel pour les archives électroniques définitives ?” demande Edouard Bouyé, directeur des Archives départementales de la Côte d’Or. Le débat est lancé. Les freins à un tel système sont divers :

Avec le dispositif AD-ESSOR, l’Etat tente malgré tout de donner l’impulsion. Mais pour Edouard Bouyé cette aide n’a pour l’instant permis de financer que des consultants et assistants à maîtrise d’ouvrage. Pour autant, il reconnaît que l’image de la profession a évolué, et son apport dans les projets de gestion du cycle de vie de l’information est de plus en plus valorisée.

Pour alimenter le débat, Florence Bernigaud et Céline Séname du Groupe Archives municipales/Archivage électronique (AMAE) de l’Association des archivistes français présentent les résultats d’une enquête sur l’état des lieux de la collecte d’archives électroniques dans les collectivités, dont plusieurs éléments interpellent :

Confiance et (é)preuve numérique

Antoine Messonnier du SIAF et Hervé Streiff de Locarchives dressent ensuite le panorama des différentes normes applicables à l’archivage électronique, et proposent une analyse de l’impact du règlement européen eIDAS (electronic identification and services).

Ce nouveau règlement, qui s’appliquera directement en droit français, a pour but d’uniformiser le marché des services numériques (signature électronique, cachet électronique, horodatage, conservation de la signature électronique…) de manière transfrontalière.

eIDAS pourrait apporter 4 évolutions majeures pour les archivistes dans les 10 ans à venir :

Deux principaux chantiers normatifs vont découler de ce nouveau règlement :

De l’épreuve à la preuve

Pour le Larousse, l’épreuve est un “essai par lequel on éprouve la résistance, la qualité de quelque chose”. L’archiviste et les systèmes d’archivage électronique sont actuellement mis à l’épreuve du temps, de l’adaptabilité, de l’interopérabilité, et osons même le dire : de l’utilité !

Cependant, le Larousse définit également l’épreuve comme l’interrogation, l’exercice, la composition faisant partie d’un examen, d’un concours. Une épreuve qui pourrait avoir pour sujet : les archivistes sont-ils capables d’être des acteurs de la confiance et de la pérennisation à l’ère du numérique ? Chez Naoned, nous faisons tous les jours en sorte d’aider les archivistes à réussir cet examen, et à passer de l’épreuve à la preuve.

Illustration Storyset

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